En août 1914, lorsque la guerre commence, tout le monde est persuadé que ce ne sera qu’une affaire de quelques mois. Mais avec l’installation dans la durée, l’occupation des territoires du Nord-Est, le manque de bras dans les campagnes, des pénuries en tout genre vont apparaître dès 1915.
Le 15 juin 1916, on instaure l’heure d’été pour réduire les dépenses énergétiques.
En 1917, on établit des cartes de sucre, de pain et de charbon. Les boucheries ferment 3 jours par semaine.
En février 1918, le rationnement est généralisé, chaque Français reçoit sa carte d’alimentation. Face à la pénurie, le mécontentement grandit ; des magasins sont saccagés. À côté de ceux qui, en ville et en zone occupé surtout, souffrent des privations, les « mercantis » spéculent et s’enrichissent. À la fin de la guerre, les produits alimentaires sont en moyenne 2 fois plus chers qu’en 1914. Le sucre est rationné jusqu’en 1921.
Les restrictions sont dues à la baisse des rendements. La production de blé passe de 68 millions de quintaux pour la période de 1909-1913 à 37 millions en 1917. L'intendance militaire se livre à des achats massifs. Un tiers du cheptel équidé est réquisitionné par les armées.
En mars 1918, les chefs de famille doivent remplir une déclaration pour les membres vivant au même foyer pour l’établissement des cartes
individuelles d’alimentation (loi du 10 février 1918 et décret du 27 juin 1918). Cette nouvelle mesure se veut « un instrument de répartition équitable des denrées indispensables à la nourriture de tous ». Elle concerne le pain et le sucre. Les premières cartes délivrées en mai sont pourtant remplacées par d’autres dès le mois d’octobre 1918 suivant pour entrer en vigueur le 1er janvier 1919.
Les soldats en permissions ou en déplacement sont également soumis au régime de la carte d’alimentation. Le ravitaillement civil prend officiellement fin en octobre 1920. La commission régionale d’étude relative à la cherté de la vie, créée en 1920, établit l’année suivante que le coût moyen d’un ménage de quatre personnes a été multiplié par 2,5 entre 1914 et 1919 et par 3,2 entre 1914 et 1920.